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Petite mystique de Jean Genet
Jean-Luc André d'Asciano
Le sujet central de l’œuvre
de Genet, ce n’est ni le mal, ni la sainteté, la politique
ou l’homosexualité mais la mort.
Être mort, parler par-delà le monde des morts, donner la
parole aux morts. Genet est un janséniste qui se place du côté
de ceux à qui la grâce fut refusée dès la naissance.
Sans salut dans l’au-delà, ces hommes sont dès le
premier jour de leur vie des cadavres errants et abjects, des non-êtres
sans avenir. Genet est scandaleusement métaphysique par cette première
affirmation – être impardonnable, c’est être mort
– puis par sa volonté d’accorder sa grâce à
ces bannis. Pour cela, il crée une langue qui tresse le champ lexical
de la poésie à ceux catholicisme et de l’interlope
: elle mêle la rose et la Vierge au meurtre et à la merde.
Ce jeu formel, où le bien et le mal s’équivalent,
répond à une nécessité, hyperboles et métaphores
s’efforçant de faire sens afin d’offrir un verbe qui
réaffirme à le droit à la parole, le pouvoir du locuteur,
mais aussi de l’interlocuteur : être entendu est un préalable
à toute grâce. Cette langue est donc opératoire :
sa force poétique permet de nommer les morts, de les inscrire dans
une famille et à nous, lecteur, de porter leur deuil.
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Jean-Luc
André d'Asciano, docteur en littératures, a publié
divers articles critiques sur le roman noir, l’art, le cinéma,
l’architecture et la cuisine, quelques ouvrages régionaux
aux éditions Du Quesne, un album pour enfant avec l’illustratrice
Mathilde Bancon — Manou Binocles (2002) aux éditions
l’œil d’or — et un recueil de nouvelles, L’Esprit
des ronces(2004) aux éditions Nuit Myrtide.
18 € / 2006,
272 p., 13 x 21 cm - 978-2-913661-23-3
- essais & entretiens |